Tabagisme : source d’inégalités chez les femmes
Comme le tabagisme des femmes rattrape celui des hommes dans la plupart des sociétés occidentales, celles-ci sont de plus en plus nombreuses à souffrir de maladies autrefois réservées aux hommes, en plus de développer des troubles de santé qui leur sont propres. Or, il a été prouvé qu’elles ont plus de mal à cesser de fumer que ces derniers. Dans la foulée de la Journée internationale des femmes, Québec sans tabac s’intéresse à cette question.
Jusque dans les années 1970, le cancer du poumon était presque exclusivement réservé aux hommes. En effet, très peu de femmes en étaient atteintes. La maladie a commencé à se stabiliser chez la gent masculine au milieu des années 1980. Par contre, chez la femme, il a cessé d’augmenter en 2006 seulement. La raison : le tabagisme a progressivement augmenté chez les femmes à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Or, le cancer du poumon attribuable au tabagisme prend environ de 20 à 30 ans à se déclarer. À ce portrait s’ajoutent les cancers typiquement féminins, comme le cancer du sein et celui du col de l’utérus, causés par le tabagisme.
Le tabagisme est également la cause de la grande majorité des maladies obstructives chroniques (MPOC). Depuis 2002, le nombre de Québécoises atteintes d’une MPOC a surpassé celui des hommes, fait observer l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) dans une récente étude. « En 2011-2012, 444 702 personnes âgées de 35 ans et plus, soit 232 432 femmes et 212 270 hommes, étaient atteintes d’une MPOC au Québec », note l’organisme gouvernemental.
La situation n’est guère plus rose côté cœur. Le risque de subir un infarctus du myocarde est 25 % plus élevé chez les fumeuses que chez les fumeurs. Elles sont également plus sujettes aux AVC que les hommes lorsqu’elles fument. Chez les femmes qui prennent la pilule contraceptive, ce risque serait jusqu’à 10 fois plus élevé. Sans compter que le tabagisme perturbe l’équilibre hormonal féminin, a des impacts sur la santé du fœtus, etc.
Arrêter de fumer réduit rapidement ces risques tant chez l’homme que la femme. Malheureusement, en ce domaine, ces dernières sont désavantagées sur certains points. La crainte de grossir joue en leur défaveur. Elles ont également plus de symptômes de sevrage, comme des maux de tête et des problèmes de concentrations, que leurs homologues masculins. Parallèlement, les professionnels de la santé ont moins tendance à leur demander si elles fument, à leur conseiller de cesser de fumer et, dans ce cas, à leur prescrire des aides pharmacologiques pour les soutenir dans leur démarche de cessation.
À la lumière de ces observations, des chercheures de l’Université d’Ottawa ont identifié certains facteurs pouvant aider les femmes à cesser de fumer : conseils adaptés, aides pharmacologiques et counseling appropriés. Comme les ex-fumeuses ont davantage besoin de soutien social que les ex-fumeurs pour demeurer abstinentes, il est recommandé de prévoir de l’aide en dehors du cabinet du médecin : ressources communautaires, lignes d’aide aux fumeurs ou spécialistes en arrêt tabagique. Ainsi, au Québec, les femmes peuvent s’adresser aux experts en arrêt tabagique des services J’ARRÊTE par téléphone (1 866 JARRETE), en personne dans les centres d’arrêt tabagique présents dans tous les territoires du Québec, et en ligne (jarrete.qc.ca).
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