Fumée de tabac secondaire : des mesures législatives justifiées

L’avez-vous remarqué? Depuis le 26 mai 2016, on respire mieux au Québec. Pourtant, les mesures liées à la fumée de tabac secondaire (FTS) de la Loi concernant la lutte contre le tabagisme suscitent encore des questions. Québec sans tabac lève le voile.

Fumée de tabac secondaire : des mesures législatives justifiées

Quels sont les méfaits de la fumée secondaire?

Soulignons d’abord que la fumée de tabac secondaire comporte plus de 7 000 produits chimiques, dont près de 70 substances cancérigènes. Au cours des dernières décennies, la recherche scientifique a démontré clairement que la fumée secondaire a des effets néfastes sur la santé des non-fumeurs dès que ceux-ci sont à proximité d’une personne qui fume, comme c’est le cas sur les terrasses des restaurants et des bars, ou dans d’autres lieux publics extérieurs. Heureusement, la Loi concernant la lutte contre le tabagisme, adoptée en novembre 2015, interdit désormais l’usage du tabac dans la plupart des lieux publics.

Pour certaines personnes, cette mesure semble inutile en ville où la qualité de l’air est souvent mauvaise, par exemple, en période de canicules, et irait même à l’encontre des droits fumeurs. Rappelons ici que polluer n’est pas un droit. On croit aussi que la fumée à l’extérieur se dissipe facilement. Or, des recherches indiquent que la pollution causée par la fumée secondaire sur les terrasses est parfois de 5 à 20 fois plus élevée que celle causée par les véhicules dans des rues très passantes, même en pleine heure de pointe Selon le biophysicien américain, James L. Repace, sur une terrasse comptant six tables de fumeurs, en moyenne 48 cigarettes sont fumées chaque heure, soit huit cigarettes en même temps. Ne plus avoir le droit d’en griller sur les terrasses protège non seulement les clients qui veulent profiter de l’extérieur, mais aussi les travailleurs de ces établissements qui étaient exposés pendant de longues heures à la FTS.

Quel était le problème avec les terrains de jeu et terrains sportifs?

Certains pensent que fumer sur les terrains de jeu et les terrains sportifs ne pose guère de problème. Pourtant, c’est faux. En plus de la pollution causée par les inévitables mégots, fumer en ces lieux exposait les non-fumeurs et les enfants à la FTS. Sans compter que réduire l’exposition des enfants à la cigarette diminue aussi le risque qu’ils fument un jour. Il est bien connu que les jeunes font l’essai de la cigarette parce qu’ils voient les autres fumer et que ce comportement leur semble normal, d’où l’importance de marginaliser l’usage du tabac.Cette mesure va dans le même sens que l’interdiction de fumer sur les terrains d’écoles.

Pourquoi fallait-il protéger les jeunes de la FTS dans les autos?

Les enfants sont particulièrement sensibles à la fumée secondaire. Ils respirent plus rapidement que les adultes et absorbent davantage de fumée. En outre, comme leurs poumons ne sont pas encore complètement formés, ils sont plus fragiles. Chez les bébés et les enfants, la fumée secondaire accroît notamment les risques suivants :

  • syndrome de mort subite du nourrisson;
  • asthme;
  • pneumonie;
  • bronchite;
  • otite;
  • essoufflement et toux.

Fumer dans un espace clos, par exemple dans les autos, accroît ces risques. Or, avant l’entrée en vigueur des mesures en mai 2016, les études indiquaient qu’un nombre considérable de mineurs (38 % en 2012-2013) étaient régulièrement exposés à la fumée secondaire dans les autos. Enfin, la Loi interdit aussi de fumer à moins de neuf mètres de toute porte, prise d’air et fenêtre qui s’ouvre, ce qui protège également la population des méfaits de la FTS et contribue à dénormaliser la consommation du tabac. La zone sans fumée s’étend sur neuf mètres lorsque c’est possible ou jusqu’à la limite du terrain. Contrairement à la croyance populaire, cela ne signifie pas qu’il faut aller au milieu de la rue pour s’allumer une cigarette. Une personne qui sort d’un immeuble public qui donne sur le trottoir peut toujours en griller une sur ce dernier… à ses risques et périls.


Crédit photo: Antonio Guillem, Thinkstock